Avant de questionner la dimension matérielle du numérique, l'auteur nous a fait voyager dans l'histoire de la République démocratique du Congo, aux racines de la mondialisation.
Il nous a ainsi rappelé à quel point les ressources de l'Afrique, tant humaines que naturelles, font depuis le 16ᵉ siècle l'objet d'une exploitation et de pillages de masse, nourrissant notamment l'industrie du caoutchouc (civilisation de l'automobile) ainsi que la fabrication du matériel de guerre.
Or c'est désormais au nom de la « révolution numérique » que l'exploitation de la terre et du peuple congolais se perpétue, basée sur un système esclavagiste et colonialiste rodé depuis des siècles.
L'extraction des métaux du secteur numérique exerce en effet une pression géologique de plus en plus forte. Parmi les 88 métaux disponibles sur terre, environ 60 sont dorénavant nécessaires à la fabrication de nos smartphones (contre 30 dans les années 90), et 70 à celle de nos voitures électriques.
Cette extraction entraîne des ravages sur le plan environnemental :
- épuisement des ressources naturelles,
- destruction des écosystèmes,
- déforestation (la RDC est le 2ᵉ poumon du monde après l'Amazonie),
- extinction de la biodiversité,
- pollution de l'air, de l'eau et des sols.
Mais l'extraction de ces métaux a également des conséquences en termes de droits humains.
Car l'extraction minière en RDC, c'est avant tout une guerre et un massacre permanents sur lesquels repose la fameuse « révolution numérique » :
- entre 3 et 5 millions de morts indirectement imputables à la guerre qui sévit depuis 1996 (conflit le plus meurtrier depuis la 2de guerre mondiale),
- 7 millions de déplacés et 4 millions de réfugiés (1ʳᵉ vague migratoire mondiale),
- des centaines de milliers de personnes (dont 40 000 enfants) travaillant dans les mines parfois sans équipement,
- la prostitution de jeunes filles,
- plus de 30 000 viols commis depuis janvier 2023 (chiffre sous-évalué selon l'ONU), etc.