Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté Synthèse

J'ai assisté à la présentation du livre de Fabien Lebrun, « Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté », publié aux Éditions l'Échappée en octobre 2024.

Cette rencontre était organisée par l'association Point de M.I.R (lien externe) aux Laboratoires d'Aubervilliers (93). Elle a eu lieu le 11 décembre 2024.

Résumé

Avant de questionner la dimension matérielle du numérique, l'auteur nous a fait voyager dans l'histoire de la République démocratique du Congo, aux racines de la mondialisation

Il nous a ainsi rappelé à quel point les ressources de l'Afrique, tant humaines que naturelles, font depuis le 16ᵉ siècle l'objet d'une exploitation et de pillages de masse, nourrissant notamment l'industrie du caoutchouc (civilisation de l'automobile) ainsi que la fabrication du matériel de guerre.

Or c'est désormais au nom de la « révolution numérique » que l'exploitation de la terre et du peuple congolais se perpétue, basée sur un système esclavagiste et colonialiste rodé depuis des siècles.

L'extraction des métaux du secteur numérique exerce en effet une pression géologique de plus en plus forte. Parmi les 88 métaux disponibles sur terre, environ 60 sont dorénavant nécessaires à la fabrication de nos smartphones (contre 30 dans les années 90), et 70 à celle de nos voitures électriques. 

Cette extraction entraîne des ravages sur le plan environnemental :

  • épuisement des ressources naturelles,
  • destruction des écosystèmes,
  • déforestation (la RDC est le 2ᵉ poumon du monde après l'Amazonie),
  • extinction de la biodiversité, 
  • pollution de l'air, de l'eau et des sols. 

Mais l'extraction de ces métaux a également des conséquences en termes de droits humains

Car l'extraction minière en RDC, c'est avant tout une guerre et un massacre permanents sur lesquels repose la fameuse « révolution numérique » :

  • entre 3 et 5 millions de morts indirectement imputables à la guerre qui sévit depuis 1996 (conflit le plus meurtrier depuis la 2de guerre mondiale),
  • 7 millions de déplacés et 4 millions de réfugiés (1ʳᵉ vague migratoire mondiale),
  • des centaines de milliers de personnes (dont 40 000 enfants) travaillant dans les mines parfois sans équipement,
  • la prostitution de jeunes filles,
  • plus de 30 000 viols commis depuis janvier 2023 (chiffre sous-évalué selon l'ONU), etc.

Non seulement la dénonciation de ces violations pâtit du déséquilibre dans la médiatisation des conflits de par le monde, mais le secteur numérique joue également un rôle dans leur invisibilisation.

Car si le numérique responsable s'intéresse avant tout à la réduction des coûts environnementaux du secteur, il est également supposé s'inquiéter de la violation des droits humains dans sa dimension sociale et sociétale, et ce à toutes les étapes du cycle de vie.

Certaines voix s'élèvent et dénoncent, comme par exemple David Maenda Kithoko (lien externe) et l'association Génération Lumière (lien externe), Bela Loto Hiffler (lien externe) et l'association Point de M.I.R (lien externe), Aurore STEPHANT (lien externe) et SystExt (lien externe), dont on ne peut que louer le travail et la détermination. 

Mais c'est encore trop peu. Et nous ne pouvons continuer à nous conforter dans le déni.

Car ne l'oublions pas :  « No Congo, No Phone (lien externe) ».

Pour aller plus loin