Accessibilité des formations : bonnes pratiques Synthèse

Vous souhaitez savoir pourquoi et comment appliquer des bonnes pratiques en accessibilité numérique dans les formations que vous concevez ?

Vous trouverez ce dont vous avez besoin dans cette synthèse du webinaire  « L'accessibilité des formations. Pourquoi ? Comment ? Point sur quelques bonnes pratiques » qui a eu lieu le 20 octobre 2025 dans le cadre du Sommet des freelances du Digital Learning - Édition 2025.

Intervenante : Myriam Cazor (lien externe)

Animatrice : Delphine Froid (lien externe) de la TLD Academy (lien externe)

Présentation

Myriam Cazor est enseignante depuis plus de 20 ans :

  • dans le 1ᵉʳ degré : enfants de 2 à 12 ans,
  • en enseignement spécialisé : enfants en situation de handicap.

Elle est spécialisée dans les troubles du neurodéveloppement :

  • autisme,
  • déficit de l'attention,
  • DYS (dyslexie, dysorthographie, etc.).

Elle est également ingénieure et conceptrice pédagogique freelance. Elle a rédigé un mémoire (lien externe) sur l'accessibilité numérique des formations en ligne, sujet auquel elle sensibilise et forme. 

Définitions

Inclusion

L'inclusion est un concept qui englobe le reste : il s'agit de créer un environnement dans lequel chaque personne (quelle que soit sa condition) peut bénéficier de ses pleins droits dans la société.

Accessibilité

L'accessibilité relève quant à elle des droits fondamentaux de la personne. C'est aussi un moyen pour mettre en œuvre l'inclusion. On vise alors la réduction de l'écart entre :

  • ce que la personne peut faire et veut faire,
  • et les contraintes de l'environnement.

      Exemple

      Une personne à mobilité réduite doit se rendre au 2ᵉ étage d'un immeuble. Elle se retrouve face à des escaliers. On a donc des contraintes fortes de l'environnement.

      Pour permettre à cette personne d'accéder au 2ᵉ étage, il va falloir mettre en œuvre des moyens d'accessibilité, comme la mise à disposition d'un ascenseur.

      Bilan

      L'accessibilité concerne donc l'architecture. Mais, en plus des accès aux lieux, on a également la problématique de l'accès aux services, aux produits et aux activités.

      C'est dans ce cadre que la formation rentre donc en jeu.

      Accessibilité numérique

      Périmètre et mise en oeuvre

      L'accessibilité numérique découle de l'accessibilité. Elle correspond aussi à une démarche, mais cette fois-ci pour rendre les contenus et services numériques compréhensibles et utilisables pour tous.

      Pour la mettre en œuvre, il existe des normes qui la définissent et la contrôlent :

      • les WCAG (Web content accessibility guidelines) originaires des États-Unis,
      • le RGAA (Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité) qui en découle et qui est la norme en vigueur en France.

      Les 4 principes du RGAA

      Le RGAA comporte 106 critères de contrôle, qui suivent les 4 principes permettant de guider toute démarche d'accessibilité.

      Chaque service et contenu numérique doit être :

      • perceptible : tous les utilisateurs doivent pouvoir percevoir le contenu avec au moins un de leurs sens (ex. : sous-titrage des vidéos pour les personnes malentendantes).
      • utilisable : la navigation sur le site doit être la plus facile et la plus fluide possible, pour que l'utilisateur puisse trouver les informations dont il a besoin.
      • compréhensible : le contenu doit être le plus clair et le plus explicite possible pour que l'utilisateur puisse accéder à la compréhension des données.
      • robuste : les sites web et les contenus doivent être compatibles avec les technologies d'assistance pour les personnes en situation de handicap (ex. : lecteur d'écran pour les personnes ayant une déficience visuelle, sites consultables au clavier pour les personnes à mobilité réduite). Ils doivent également durer dans le temps.

      Ces 4 principes sont essentiels pour garantir l'accès aux plateformes de formation et aux sites web. 

        Situations d'exclusion

        Le handicap est la principale situation d'exclusion mentionnée dans les textes sur l'accessibilité numérique. Il est défini par la loi du 11 février 2005 (lien externe) comme étant une  limitation d'activité, restriction de participation à la vie en société [...] 

        Le handicap peut être permanent ou temporaire. Tout le monde peut se retrouver un jour en situation de handicap (suite à un accident, une maladie, la vieillesse).

          Types de handicap

          Il existe différents types de handicap : 

          • moteur : désigne les troubles entraînant une perte totale ou partielle de la motricité. Cela va par exemple concerner l'accès physique au lieu de formation.
          • sensoriel : regroupe notamment les déficiences auditives ou visuelles. En formation, cela va par exemple concerner la perception des contenus.
          • cognitif : regroupe les troubles du neurodéveloppement comme la déficience intellectuelle et les troubles acquis suite à des AVC ou évolutifs (comme la maladie d'Alzheimer). C'est la compréhension des contenus de formation qui va être concernée.
          • psychique : représente la difficulté à mettre en œuvre ses capacités intellectuelles (dans le cadre d'anxiété, dépression, schizophrénie, etc.). En formation, il va donc falloir veiller à ne pas surcharger cognitivement les personnes. Pour cela : rendre le propos très clair, les conditions de navigation très fluides.
          • maladies invalidantes : personnes souffrant de cancer, de diabète, et qui vont avoir des problématiques spécifiques.

          Certaines personnes peuvent également être en situation de polyhandicap, c'est-à-dire cumuler plusieurs types de handicap.

          Autres situations d'exclusion

          Au-delà du handicap, il existe d'autres situations d'exclusion. Par exemple :

          • l'illectronisme : concerne les personnes ayant des difficultés à utiliser les outils numériques, et donc à accéder aux informations, à les traiter et à agir en autonomie dans la vie courante.
          • l'allophonie : concerne les personnes dont la langue première est différente de la langue officielle, avec toutes les difficultés que cela entraîne.

          Opportunité : la conception universelle

          Le concept de conception universelle est intimement lié à celui d'accessibilité, car il s'agit avant tout de pallier aux situations d'exclusion.

          En conception universelle des apprentissages, on part du principe que l'apprenant type n'existe pas. La diversité devient donc la norme.

          Ce changement de paradigme nous amène donc à réfléchir différemment la construction de nos formations. Il faut alors notamment veiller à :

          • lever au maximum les barrières de l'environnement,
          • varier les propositions pédagogiques.

          Pourquoi accessibiliser

          Il existerait en France 12 millions de personnes en situation de handicap, soit 1 personne sur 6.

          Il y a donc une forte probabilité que parmi les personnes bénéficiant de nos formations, certaines soient concernées par un handicap.

          Par ailleurs, la majorité des handicaps sont invisibles : troubles psychiques, cognitifs, sensoriels, maladies invalidantes. Les personnes concernées ne le déclarent pas toujours, notamment par peur des discriminations.

            Environnement

            Il est important de souligner à quel point l'environnement peut venir accentuer le handicap.

            Par exemple :

            • un escalier pour une personne en situation de handicap moteur : il aurait fallu prévoir une rampe d'accès,
            • un texte très compact pour une personne DYS : il aurait fallu prévoir un texte structuré et aéré.

            Rendre l'environnement accessible est donc non seulement essentiel pour les personnes en situation de handicap, mais il est également profitable à tous.

            La rampe d'accès pourra par exemple bénéficier aux personnes avec des poussettes, et le texte structuré et épuré pour les personnes en situation de fatigue passagère.

              Responsabilités

              L'accessibilisation est une responsabilité :

              • collective : les pouvoirs publics qui mettent en place des lois, normes, etc.
              • et individuelle : prise de conscience et application des grands principes d'accessibilité pour permettre l'accès aux contenus pédagogiques pour le plus grand nombre.

              Lois et normes

              Sur le plan international : 

              En Europe : 

              En France : 

              1 Technologies de l'information et de la communication

              Bonnes pratiques

              Afin de tendre à une conception plus universelle, voici quelques principes de base à appliquer pour accessibiliser vos formations.

              Organisation générale

              • Considérer l'accessibilité des formations dès la conception (moins coûteux en énergie, temps et argent),
              • Structurer l'information (hiérarchisation des titres, sous-titres),
              • Proposer un tutoriel de prise en main de la plateforme,
              • Varier les modalités de présentation (texte, son, image),
              • Segmenter (les vidéos par exemple),
              • Proposer un glossaire (sigles, acronymes, vocabulaire spécialisé).

              Contenus

              • Utiliser un langage clair (phrases simples, mots explicites, listes à puces),
              • Proposer des supports épurés,
              • Utiliser des contrastes suffisants (ratio d'au moins 4,5:1) 2.

              2 Pour cela utilisez un vérificateur de contrastes de type Contrast Finder (lien externe).

              Textes

              Afin d'éviter la gêne à la lecture, favoriser :

              • l'alignement du texte à gauche,
              • des polices sans-serif (type Tahoma),
              • le gras pour la mise en saillance,
              • une taille de police minimale (documents : 12, présentations : 18).

              Images et graphiques

              Pour les images : 

              • porteuses d'information : rédiger un texte alternatif 3,
              • complexes (cartes, schémas) : proposer un lien dans le champ alternatif renvoyant vers un document texte plus long et structuré,
              • non porteuses d'informations : laisser le champ alternatif vide

              Lu par les lecteurs d'écran pour les personnes pouvant avoir des difficultés à voir votre contenu.

              Vidéos et audios

              • Indiquer la durée en amont (pour savoir de combien de ressources cognitives on va avoir besoin),
              • Ne pas utiliser de musique de fond quand il y a déjà une voix (surcharge cognitive),
              • Faire attention à la clarté du propos et au débit de parole,
              • Penser aux alternatives :
                • pour les audios, proposer une version texte,
                • pour les vidéos, prévoir des sous-titres accessibles et synchronisés.

                En résumé

                La prise en compte de l'accessibilité va permettre aux personnes souvent exclues des formations ou ayant des difficultés à les suivre :

                • d'accéder à ces formations,
                • d'y participer plus sereinement.

                Par extension, ces conditions vont également être favorables à toutes et tous, grâce notamment à l'amélioration de l'expérience utilisateur.

                Dans un contexte de formation en ligne, cela revient notamment à :

                • rendre les contenus perceptibles, compréhensibles, utilisables et robustes,
                • penser à l'ergonomie et à la réduction de la charge cognitive,
                • demander aux apprenants d'évaluer la formation,
                • rédiger des guides de bonnes pratiques,
                • évoluer sur ces sujets en s'informant et en se formant.

                Références