Vous souhaitez savoir comment aborder l'accessibilité dans vos pratiques numériques ?
Voici une synthèse de la conférence « Accessibilité & inclusion, au-delà de la conformité », organisée par les Designers Éthiques (lien externe)et qui s'est tenue en janvier 2025.
Intervenante : Tamara Sredojevic (lien externe), UX designer et référente en accessibilité numérique
En France, pour mesurer la conformité d'un service numérique, on va utiliser :
La conformité diffère de l'accessibilité :
L'accessibilité c'est quand une personne handicapée peut faire ce qu'elle a à faire sur Internet. Elle est l'objet d'obligations légales.
L'inclusion, c'est intégrer quelqu'un (ou un groupe), pour mettre fin à son exclusion. C'est davantage une démarche volontaire, qui ne concerne pas uniquement le handicap. On parle ainsi de diversité (personnes éloignées du numérique, analphabètes, allophones, etc.).
Un produit inclusif est donc un produit qui va prendre en compte les besoins de tout le monde, sans discrimination. Alors qu'un produit accessible va répondre plus spécifiquement aux besoins des personnes handicapées.
L'accessibilité n'est donc qu'une partie de la réponse.
Ce qu'il faut viser, c'est un design universel. C'est-à-dire un design qui prend en compte tout le monde.
Il existe 6 types de handicap :
S'y intéresser dans le détail, c'est permettre d'améliorer l'accessibilité de façon significative.
La neurodiversité, c'est la diversité des cerveaux. Elle ne correspond pas à une mode, mais à une démocratisation de l'accès au diagnostic.
La neurodiversité induit une diversité dans le traitement des informations.
On parle de personnes neurodivergentes ou neuroatypiques.
Le pourcentage de handicaps invisibles1 communément admis, 80%, n'a jamais pu être vérifié2. Le message qu'il faut alors faire passer, c'est que la plupart des handicaps sont invisibles ou invisibilisés.
Toutes ces données et nuances sont importantes à donner lorsque l'on nous demande des chiffres. Que cherche-t-on à savoir exactement : certains utilisateurs ont un handicap moteur ? Sont-ils dans une situation compliquée pour différentes raison ?
S'avancer sur des chiffres qui sont faux (ou non vérifiés) est dangereux. Cela dessert le sujet que l'on veut défendre.
1 Par exemple : épilepsie, trouble du spectre de l'autisme, troubles DYS, dépression, schizophrénie, maladie de Crohn, diabète, endométriose, surdité.
2 Fact-checking : 80% des handicaps sont invisibles (lien externe), Olivier Keul (2023)
Il existe de nombreuses données chiffrées, qui peuvent se contredire d'un site à l'autre. La prudence est donc de mise, y compris sur les sites du gouvernement.
Pourquoi y prêter attention ? Lorsque l'on défend le sujet de l'amélioration de l'accessibilité, on est face à des personnes qui vont chercher à :
Elles vont donc chercher à savoir quelle est la quantité de personnes concernées. Sous-entendant souvent que leurs
utilisateurs n'ont pas de handicap.
Le handicap peut en effet être présent dès la naissance, présent à vie, développé suite à une maladie ou un accident, etc.
Le fait que le handicap puisse être temporaire3 ou permanent4 complique les chiffres. Il n'y a pas de linéarité.
Il est donc très difficile de répondre aux questions sur les chiffres du handicap.
3 Par exemple : fracture, mobilité réduite post-opératoire, douleurs post-accouchement, cancer.
4 Par exemple : TDA/H - Trouble de déficit de l'attention avec/sans hyperactivité, amputation, cécité, surdité.
Selon la définition utilisée, on estime qu'il y a entre 5,7 et 18,2 millions de personnes handicapées en France5.
Il faut regarder quelles sont les personnes concernées par les chiffres, car selon la définition (par exemple RQTH6 ou non), la façon de compter change.
5 Source : dernière étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques)
6 Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé
Seulement 1 à 3% des sites web sont accessibles. On peut le voir comme l'opportunité de/d' :
Le critère 1.1 du RGAA permet de vérifier si toutes les images porteuses d'information ont une alternative textuelle.
En revanche, aucun critère du RGAA ne vient vérifier que le texte est aligné à gauche, quand cela est prévu (mais non obligatoire) dans les WCAG. Or un texte centré est pénible à lire, tant pour les neurotypiques que pour les neurodivergents.
Il y a donc des critères qui existent dans un référentiel et pas dans l'autre.
Afin notamment d'éviter la dette technique, il est important de prendre en compte l'accessibilité numérique dès le cadrage du projet.
Pour cela, on peut :
Il est en effet primordial d'échanger avec des personnes concernées pour pouvoir comprendre leurs besoins, et mettre en œuvre une accessibilisation adaptée.
Le validisme est une discrimination au même titre que le racisme, le sexisme, le classisme, etc. Il concerne les préjugés envers les personnes handicapées.
Le collectif handi-féministe des Dévalideuses l'explique très bien dans son manifeste7.
7 Notre manifeste (lien externe), Les Dévalideuses
Les obligations concernant l'accessibilité numérique se sont renforcées le 28 juin 2025, avec la parution d'un nouvel acte européen. Cette directive s'applique aux entreprises de l'Union européenne qui :
Jusque là, les entreprises ciblées étaient celles qui avaient un chiffre d'affaires de plus de 250 millions d'euros.
Des sanctions sont également prévues :
Concernant leur montant, il est variable et dépend de plusieurs paramètres (statut entreprise, secteur public ou privé, chiffre d'affaires, etc.)8.
8 Synthèse des nouvelles réglementations d'accessibilité numérique en France (lien externe), Olivier Keul et Aurélien Lévy (mise à jour du 07/07/2025)
Du fait du renforcement de la loi, l'accessibilité est priorisée par les entreprises pour éviter les amendes.
Malheureusement, les plus grandes d'entre elles prévoient des budgets dédiés à leur paiement. D'où la nécessité de faire évoluer la culture des entreprises.
La prise en compte de l'accessibilité peut néanmoins représenter certains avantages, comme :
Si vous vous demandez par où commencer, vous pouvez notamment :
Récapitulatif des ressources citées :
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